Transférer une entreprise à ses enfants, c’est souvent le rêve de bien des propriétaires d’affaires au Québec. L’idée de voir son fils ou sa fille reprendre le flambeau, poursuivre ce qu’on a bâti à la sueur de son front, a quelque chose de profondément gratifiant. Mais dans la réalité, ce rêve peut vite tourner au cauchemar, familial ou opérationnel si la planification du transfert d’entreprise n’est pas rigoureuse.
En 2025, les règles fiscales ont évolué, les attentes des jeunes générations ont changé, et les erreurs sont plus coûteuses que jamais. Alors, comment éviter les pièges ?
- Voici un guide clair et accessible, conçu pour vous aider à vous y retrouver dans ce processus complexe sans trop vous arracher les cheveux.
Pourquoi planifier le transfert de son entreprise ?
On ne le répétera jamais assez : transférer une entreprise, ce n’est pas juste une question de paperasse. C’est un changement de garde qui touche la famille, les finances, les employés et même la clientèle. Sans plan clair, c’est comme partir en expédition sans boussole.
En 2025, plusieurs entrepreneurs québécois approchent de la retraite. D’ailleurs, selon l’Institut de la statistique du Québec, plus de 40 % des propriétaires d’entreprise auront 55 ans ou plus d’ici la fin de l’année. Or, la majorité d’entre eux n’a pas de plan de relève officiel.

Quels sont les pièges à éviter ?
1. Attendre à la dernière minute
Le piège #1, c’est de penser que vous avez le temps.
Un transfert d’entreprise réussi, surtout quand il implique la relève familiale, ça se planifie sur 5 à 10 ans. Pourquoi si longtemps ? Parce que ce n’est pas qu’une transaction : c’est un processus de transmission des connaissances, de l’expérience, des responsabilités… et de la confiance.
Exemple vécu
Jean-Pierre, propriétaire d’une PME manufacturière à Laval, a attendu 64 ans pour aborder la relève. Son fils était intéressé, mais mal préparé. Résultat : stress, conflits et perte de clients majeurs dans l’année suivant le transfert.
Mieux vaut amorcer les discussions tôt, même si la retraite est encore loin. Vous aurez ainsi le temps d’observer si vos enfants ont vraiment la fibre entrepreneuriale… et de corriger le tir si nécessaire.
2. Penser que vos enfants veulent forcément reprendre
Ce n’est pas parce que vous avez tout mis votre cœur dans l’entreprise que vos enfants voudront faire pareil.
Avez-vous déjà eu cette discussion honnêtement ? Trop de parents partent du principe que la relève ira de soi, sans jamais vraiment demander à leurs enfants s’ils sont motivés, compétents ou même intéressés.
Conseil de pro
Organisez des discussions familiales ouvertes, où chacun peut s’exprimer librement, sans pression. Et si aucun enfant ne veut reprendre, ce n’est pas un échec. Il existe d’autres options viables : relève externe, vente à un employé clé, etc.
3. Sous-estimer l’impact fiscal du transfert
Le transfert d’une entreprise à ses enfants n’est pas gratuit fiscalement, même si on reste « en famille ».
Jusqu’à récemment, l’ARC (Agence du revenu du Canada) traitait moins favorablement les ventes à un membre de la famille qu’à un tiers. Heureusement, la Loi C-208 est venue corriger cette injustice, mais il faut toujours structurer le transfert correctement pour éviter une double imposition.
Ce qu’il faut surveiller
- La valeur marchande réelle de l’entreprise (pas juste ce que vous pensez qu’elle vaut)
- La possibilité d’utiliser votre exonération pour gains en capital (jusqu’à 1 million $ en 2025 pour les actions admissibles de petite entreprise)
- Le fractionnement de revenu post-transfert (encadré par les règles de l’impôt sur le revenu fractionné – TOSI)
Astuce
Travaillez avec un fiscaliste ET un conseiller en gestion de patrimoine. L’un sans l’autre, vous risquez de rater des stratégies clés.

4. Négliger la formation de la relève
Un transfert d’entreprise réussi, ce n’est pas un cadeau qu’on fait à ses enfants : c’est une responsabilité qu’on leur confie.
La relève doit avoir :
- Les compétences techniques
- Les habiletés de gestion
- La légitimité aux yeux des employés et partenaires
On voit encore trop d’entrepreneurs nommer leur fils ou leur fille PDG du jour au lendemain, sans préparation. Résultat ? Une démobilisation de l’équipe, une perte de crédibilité et parfois un recul des ventes.
Idéalement, la relève devrait :
- Travailler dans l’entreprise plusieurs années avant le transfert
- Occuper plusieurs postes (vente, finances, opérations)
- Être accompagnée par des mentors internes ou externes
5. Oublier de clarifier les rôles après le transfert
Voici une autre bombe à retardement fréquente : le fondateur ne lâche pas prise.
Même après avoir signé les papiers, plusieurs propriétaires continuent d’intervenir dans les décisions, de passer au bureau tous les jours ou de critiquer (même involontairement) les décisions prises par leurs enfants.
Le résultat ? Une confusion des rôles et une relève étouffée.
Suggestion : Définissez clairement votre nouveau rôle. Par exemple :
- Membre du CA
- Mentor sur demande
- Représentant de l’entreprise dans certaines occasions
Et surtout, tenez-vous-en à ce rôle. Sinon, le transfert est cosmétique.

6. Ignorer les conflits potentiels entre enfants
Lorsque plusieurs enfants sont impliqués, ça se complique. Qui sera le patron ? Comment partage-t-on les parts ? Que faire si un des enfants est actionnaire mais pas impliqué dans l’entreprise ?
Ces questions doivent être réglées avant, par écrit, et non au fil du temps.
À faire :
- Mettre en place une convention entre actionnaires
- Clarifier les rôles de chacun
- Penser à des mécanismes de rachat de parts si un des enfants veut quitter l’entreprise
Anecdote
Une entreprise familiale de Québec a implosé après 3 ans parce que deux frères copropriétaires n’avaient jamais établi de règles claires. L’un travaillait 60 h/semaine, l’autre venait une fois par mois. Et pourtant, ils recevaient les mêmes dividendes…
7. Omettre de faire évaluer l’entreprise par un expert
Évaluer son entreprise au « pif » est une grave erreur. En 2025, le marché, les actifs, les passifs, les flux de trésorerie et le potentiel de croissance doivent être pris en compte. Sans évaluation indépendante, vous risquez de :
- Surévaluer l’entreprise (et de rendre le rachat impossible pour vos enfants)
- La sous-évaluer (et de vous priver de revenus à la retraite)
- Déclencher une vérification fiscale
Faites affaire avec un évaluateur agréé (CBV) ou un cabinet spécialisé en planification successorale d’entreprise.
8. Ne pas prévoir un plan B
Et si le transfert familial échoue ? Et si un de vos enfants se désiste à la dernière minute ? Ou si l’entreprise ne performe plus aussi bien dans 5 ans ? Un bon plan de relève comprend aussi un filet de sécurité.
Cela peut inclure :
- Une clause de rachat si la relève abandonne
- Une entente de financement progressive
- Un plan de vente externe en dernier recours

Impliquer des experts, mais garder le contrôle
Quand on parle de planification du transfert d’entreprise, il est tentant de vouloir tout gérer soi-même. Après tout, vous avez bâti l’entreprise de vos mains, pris toutes les décisions clés, géré les crises… Vous connaissez votre monde.
Mais à cette étape, vouloir tout contrôler devient un piège.
Le transfert touche plusieurs domaines : fiscalité, droit, gestion du changement, dynamique familiale, gouvernance… Et aucun entrepreneur ne peut maîtriser tous ces aspects à lui seul.
Pourquoi s'entourer ?
Un conseiller en gestion de patrimoine peut aligner vos besoins personnels avec les impératifs de l’entreprise.
Un fiscaliste voit les angles morts de votre structure d’entreprise.
Un notaire pose les bonnes questions sur votre testament ou la protection des actifs.
Prêt à planifier un transfert d'entreprise ? Profitez d’une consultation gratuite
Le transfert d’entreprise est une étape cruciale dans votre parcours entrepreneurial, mais elle peut devenir un tremplin exceptionnel vers la stabilité financière de votre famille… à condition de bien s’y préparer.
Que vous soyez à 10 ans de la retraite ou que vous envisagiez de passer le flambeau plus tôt, il est essentiel d’être bien accompagné. Nos conseillers spécialisés en gestion de patrimoine sont là pour vous aider.
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