Quand on est salarié, les questions de retraite sont souvent simples : le fonds de pension est en place, les déductions à la source se font automatiquement, et un conseiller vient parfois faire le tour du bureau pour expliquer le REER collectif.
Mais quand on est travailleur autonome ou propriétaire d’entreprise, c’est une autre histoire.
On doit tout bâtir soi-même : les revenus, la croissance, les protections… et l’épargne pour plus tard. C’est là que la question se pose, tôt ou tard : REER ou CELI pour un entrepreneur ? Quelle option est la plus avantageuse ?
La réponse : ça dépend. De vos revenus. De vos priorités. De votre structure fiscale. De votre vision à long terme.
- Dans cet article, on vous aide à faire un choix éclairé, en décortiquant les deux options, leurs avantages, leurs limites et surtout, leur pertinence dans un contexte entrepreneurial québécois.

REER et CELI pour entrepreneur : un rappel simple, mais nécessaire
Avant d’aller plus loin, revoyons les bases. Un REER (Régime enregistré d’épargne-retraite) permet de reporter l’impôt sur les revenus investis. Chaque dollar que vous cotisez réduit votre revenu imposable, ce qui peut entraîner une économie d’impôt immédiate. L’argent peut ensuite prendre de la valeur à l’abri de l’impôt jusqu’au retrait.
Un CELI (Compte d’épargne libre d’impôt) ne donne pas de déduction à l’entrée, mais les revenus de placement ne sont jamais imposés, ni à la sortie, ni à la vente d’un actif, ni à la retraite. On y contribue avec de l’argent après impôt.
Les deux options permettent donc de faire croître votre argent à l’abri de l’impôt, mais avec des logiques opposées.
REER ou CELI pour entrepreneur, quel est le vrai enjeu ?
Quand on est en affaires, l’objectif n’est pas seulement d’épargner, mais de le faire de manière stratégique. Il faut tenir compte de l’irrégularité des revenus, des années plus creuses, du manque de filet social (pas de RQAP, pas de congé payé, pas de régime collectif), et aussi… de la fiscalité d’entreprise.
C’est là que le choix entre REER et CELI prend tout son sens.
Un bon véhicule d’épargne pour un entrepreneur doit :
- Être flexible (en cas de besoin)
- Offrir une croissance intéressante
- Réduire l’impôt de manière efficace
- Permettre une planification à long terme, même en cas de revenus variables
Voyons maintenant comment chacun se comporte dans ce contexte.

Pourquoi le CELI est souvent le préféré des entrepreneurs
1. Flexibilité totale, sans impact fiscal
Quand vous retirez des sommes de votre CELI, aucune imposition ne s’applique, peu importe le moment ou le montant. Pour un entrepreneur qui veut garder ses options ouvertes — financer un projet, passer une année plus difficile, investir dans son entreprise — cette liberté est précieuse.
Exemple : Un travailleur autonome de Lévis utilise son CELI pour se verser un « salaire tampon » lors de mois plus tranquilles, sans conséquence fiscale. S’il avait utilisé un REER, chaque retrait aurait été imposable.
2. Idéal pour les revenus modestes ou fluctuants
Si votre revenu net personnel est sous la barre des 50 000 $ ou si vous vous versez de faibles salaires pour maximiser vos liquidités d’entreprise, le CELI est souvent plus pertinent, car le gain fiscal du REER serait minime (et parfois, contre-productif à long terme).
Rappelez-vous : déduire un REER quand on est dans une tranche d’imposition basse, c’est souvent un mauvais calcul.
3. Aucun impact sur les programmes gouvernementaux
Contrairement au REER, les retraits du CELI ne sont pas considérés comme un revenu. Ce détail peut faire une grande différence dans l’admissibilité à certains crédits d’impôt ou prestations (comme le crédit TPS, la pension de la Sécurité de la vieillesse, etc.) à la retraite.

Quand le REER devient intéressant pour un entrepreneur
1. Pour réduire une lourde facture fiscale
Si vous vous versez un revenu élevé, disons 90 000 $ ou plus, le REER peut vraiment alléger votre impôt. En cotisant 10 000 $, vous pourriez économiser autour de 4 000 $ d’impôt selon votre taux marginal. Cela permet aussi d’utiliser une stratégie de report d’impôt.
2. Pour créer une discipline de retraite
Certains entrepreneurs avouent : « Si j’ai de l’argent dans un CELI, je vais finir par l’utiliser ». Le REER, avec son effet d’imposition au retrait, peut agir comme une barrière psychologique utile : on y touche moins facilement. Cela aide à bâtir une retraite solide, à l’abri des dépenses impulsives
3. Pour fractionner le revenu à la retraite
À la retraite, le REER converti en FERR permet le fractionnement du revenu entre conjoints, ce qui peut réduire la facture fiscale familiale.
C’est un outil de planification souvent négligé mais puissant, à condition d’avoir cotisé suffisamment avant
Et si vous avez une entreprise incorporée ?
C’est là que les choses se compliquent un peu… mais aussi qu’elles deviennent intéressantes.
Si vous êtes incorporé (compagnie), vous avez le choix entre vous verser un salaire (qui crée des droits de cotisation REER), ou un dividende (qui n’en crée pas). Cette décision a un impact direct sur votre capacité à cotiser à un REER.
Voici ce qu’on constate souvent :
- Si vous vous versez surtout des dividendes, vos droits de cotisation REER seront très bas ou inexistants. Le CELI devient alors votre principal levier d’épargne personnel.
- Si vous vous versez un salaire, vous créez des droits REER… mais vous payez aussi des charges sociales (RRQ, RQAP, etc.). Il faut donc faire le calcul global.
Certains entrepreneurs choisissent même de laisser l’argent dans l’entreprise et d’investir à l’intérieur de celle-ci (via un compte de placement corporatif), plutôt que dans un REER. D’autres font les deux.
Dans tous les cas, la clé est d’avoir une stratégie coordonnée entre votre entreprise et votre planification personnelle.

Quelques erreurs fréquentes à éviter
- Cotiser au REER alors que vous êtes dans une tranche d’imposition basse
- Retirer du REER trop tôt (et payer beaucoup d’impôt)
- Ignorer le CELI parce qu’il semble “moins payant” (alors qu’il offre une liberté énorme)
- Penser que l’un est meilleur que l’autre en tout temps
- Oublier de considérer l’ensemble de votre situation d’entreprise
Dans notre expérience, la meilleure solution est souvent un équilibre bien pensé entre les deux. On optimise le CELI pour sa souplesse et sa fiscalité parfaite… et on utilise le REER au bon moment, pour alléger les impôts.
REER ou CELI pour entrepreneur ? Résumons
Critère | REER | CELI |
---|---|---|
Réduction d’impôt immédiate | Oui | Non |
Imposition au retrait | Oui | Non |
Souplesse d’accès | Moins grande | Excellente |
Revenus admissibles (salaires) nécessaires | Oui | Non |
Impacts sur crédits et prestations | Oui | Non |
Idéal si revenu annuel élevé | Oui | Non |
Idéal si revenus modestes ou instables | Non | Oui |

Cas réel : un entrepreneur de Québec
Martin, 43 ans, est propriétaire d’une PME en croissance. Depuis 5 ans, il se verse surtout des dividendes. Il cotisait au REER, mais s’est rendu compte qu’il avait peu de droits restants… et que ses retraits futurs seraient lourdement imposés. Après discussion avec un conseiller, il a décidé de maximiser son CELI chaque année, de bâtir un portefeuille personnel en entreprise, et de planifier des retraits structurés à partir de 60 ans.
Résultat : plus de flexibilité, moins d’impôt à long terme… et une meilleure vision d’ensemble.

Ce que l'on vous recommande selon votre situation
Il n’y a pas de réponse unique. Mais voici quelques repères utiles :
- Revenu inférieur à 50 000 $ ? Privilégiez le CELI
- Revenu supérieur à 90 000 $ ? REER et CELI en duo peuvent être puissants
- Revenus variables ? Utilisez le CELI comme coussin
- Entreprise incorporée ? Parlez à un conseiller pour optimiser le combo salaire/dividende/placements
- Vous approchez de la retraite ? Faites une simulation avec un professionnel pour éviter les surprises fiscales
Pourquoi le REER ou CELI pour entrepreneur ne suffisent pas à eux seuls
Même si le choix entre REER ou CELI pour entrepreneur est central, il ne devrait jamais être fait en vase clos. Ces véhicules sont des outils puissants, oui, mais qui ne remplacent pas une vraie stratégie de gestion de patrimoine.
Par exemple, si vous prévoyez vendre votre entreprise dans 10 ou 15 ans, les sommes retirées d’un CELI ou d’un REER pourraient interagir avec vos revenus de disposition. Un retrait mal planifié pourrait faire grimper votre taux d’imposition global cette année-là. Même chose si vous touchez la PSV à la retraite : certains retraits REER pourraient entraîner une récupération partielle.
D’un autre côté, il est parfois plus rentable d’investir dans votre entreprise ou dans un portefeuille corporatif avant même de toucher aux comptes personnels. C’est là que l’analyse globale devient cruciale.
REER et CELI sont d’excellents outils, mais ils sont encore meilleurs quand ils sont intégrés dans une stratégie complète qui tient compte de votre incorporation, de votre fiscalité, de vos objectifs et même de votre famille. C’est ce genre de coordination qui distingue un bon plan… d’un excellent plan.
Nous vous aidons à trouvez une stratégie fiscale adaptée à votre réalité d’entrepreneur !
Le choix entre REER ou CELI pour un entrepreneur dépend de vos revenus, de votre structure d’entreprise et de vos objectifs à long terme. L’un n’est pas meilleur que l’autre : ce sont des outils complémentaires… à condition de bien les utiliser.
Pour éviter les erreurs coûteuses, structurer vos retraits futurs et maximiser vos économies d’impôt, il est souvent utile de faire appel à un professionnel.
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